TOUR D’HORIZON D’ALTERNATIVES POUR DES PROJETS LEADER INNOVANTS – 1
Le GAL Des Cévennes au Rhône attend le feu vert de la Région Occitanie pour lancer son programme LEADER sur le territoire de ses trois EPCI membres, De Cèze Cévennes, Alès agglomération et le Gard rhodanien. L’objectif du comité de programmation de 2024 à 2027 sera de soutenir des projets en faveur de la dynamique économique du territoire et d’un cadre de vie plus riche et accueillant. Cela se fera en appui des ressources locales du territoire qui sont nombreuses et à préserver. Le GAL souhaite profiter de ce temps de préparation pour présenter des alternatives, techniques, sociales ou autres, qui voient le jour sur des territoires voisins et qui pourraient inspirer des porteurs de projets sur son territoire. Il serait très prometteur d’accompagner des projets similaires car ils conjuguent innovation et cohérence. Les programmes LEADER se veulent innovants, mais l’innovation n’a de sens que si elle permet plus de liens entre les gens et/ou des productions plus vertueuses vis-à-vis des habitants et la planète.
1er alternative : production de chaleur et ressource solaire
A l’heure où les états membres se questionnent sur comment contenir le changement climatique nous souhaitons aborder la question de la production de chaleur pour la cuisson. Cela concerne les habitants mais également les professionnels de la transformation alimentaire et les industriels. Quel que soit le mode de cuisson et la source d’énergie utilisée actuellement, énergies fossiles (charbon, gaz) ou électricité, il y a émission de CO2 dans des proportions variables. En parallèle de ces modes de production de chaleur, que l’on pourrait qualifier de production active, il existe des solutions passives, comme la cuisson solaire. Mise à part le bilan carbone lié à la fabrication initiale du matériel et sa gestion en fin de vie, la production énergétique n’a ici aucun impact CO2. Ces solutions permettent des utilisations multiples et à différentes échelles de production. En lien avec ses futures fiches actions, le GAL pourrait accompagner, par du financement d’investissements, des professionnels tel que des artisans (alimentaires ou non) ou des gestionnaires de restauration collective, susceptibles de tester et développer ce type de techniques.
Alternatives et cuisson en transformation alimentaire
Les fours solaires sont connus pour un usage domestique mais des utilisations professionnelles se développent en restauration et transformations alimentaires.
Le premier exemple à citer est celui du restaurant-snack « Le Présage » à Marseille. Les cuisiniers utilisent depuis 2020 un four solaire de type parabole qui concentre les rayons vers une plaque diffusant la chaleur pour différents types de cuissons. Autre exemple, la start-up française, Solar brother, qui a mis au point un four solaire, le “Sun chef pro“. De type semi parabole, ce four concentre les rayons vers un tube double paroi que l’on utilise à la façon d’un four. Cette entreprise travaille depuis une vingtaine d’année sur différentes solutions de chauffe domestique (four, allume feux, douche solaire…) et travaille maintenant à des versions professionnelles pour la restauration collective. Le Sunchef pro permet d’atteindre 250°C et de préparer un repas pour 50 convives. Six professionnels, chefs, restaurants ou campings, dont le restaurant le Presage, l’ont déjà acquis.
Une autre entreprise, Solar Fire, initialement créée en Finlande et maintenant implantée en France, a créé la gamme Lyte fire, un tout autre modèle. Il s’agit d’un four composé d’un ensemble de miroirs disposés en ligne qui font converger les rayons solaires vers un caisson qui peut être un four de boulange, un torréfacteur ou une marmite. Déjà sept entreprises françaises l’utilisent à ce jour, un boulanger normand, la boulangerie solaire Neoloco , plusieurs torréfacteurs (café, graines, barres de céréales, graines apéritif), l’Atelier Bélénos, Solé B’rayon, Michel Mouillé, le comptoir d’Hélios, Du soleil et des graines, et, depuis peu, un brasseur, la brasserie Helie, qui se sert du soleil pour faire bouillir le brassin. Ce four existe en deux versions (taille) et est également proposé en autoconstruction via un guide. Le petit modèle de four de boulange permet une cuisson de 90kg de pain en une heure, le plus gros modèle, jusqu’à 200 kg de pain ou 500 biscuits. Ce modèle est également utilisé en Afrique pour la fabrication de biscuits ou de fruits séchés…
Selon le modèle de four solaire et la marque, l’investissement peut aller de 1000 à 32 000 €. Le GAL pourrait participer à ces acquisitions en contrepartie d’un cofinancement qui pourrait venir de la Région Occitanie (“Économie de proximité”, “Pass transformation écologique” et pour les gros projets, le “Contrat entreprise d’avenir”), du Fonds Tourisme durable de l’ADEME ou des collectivités locales.
Alternatives et chauffe dans le domaine industriel
Le solaire comme source de “cuisson” se développe également dans le domaine de l’industrie.
D’autres utilisations du four Lyte Fire pourraient en effet voir le jour : Arnaud Crétot, fondateur de Neoloco, travaille à ce jour en partenariat avec la menuiserie Noblessence afin de tester la possibilité de fabriquer du bardage bois brûlé grâce au soleil. Ce bois brûlé est une alternative au bois traité pour un usage extérieur.
A plus grande échelle, nous pouvons citer l’exemple de Panaterre, fabriquant d’acier Suisse. Cette entreprise valorise les déchets d’acier de sa production mais aussi ceux des entreprises voisines dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres et commercialise de l’acier et du titane recyclés. Pour diminuer son empreinte carbone, elle travaille depuis sept ans à la création d’une fonderie solaire via la conception d’un four solaire de type parabole. Le premier four devrait être installé au printemps 2024. Il permettra une montée en température de 3300 °C, une fonte de 500 kg de métal en une heure et demie.
Ce four sera mobile et orientable en fonction du soleil. Plusieurs fours seront installés et 400 tonnes d’aciers pourraient ainsi être recyclés et retransformés localement. Cet acier de grande qualité aura plusieurs usages possibles comme la fabrication de montres par des entreprises locales, comme ID Genève. Ce projet conjugue économie de ressources primaires (minerais), économie circulaire, énergie passive. Dans ce cas, les investissements financiers sont conséquents et hors de mission du GAL. Cependant, d’autres dispositifs pourraient contribuer à des études de faisabilité ou des investissements similaires selon l’envergure (ADEME, FEDER).