Valorisation de la filière forestière en Cévennes
La valorisation du bois local fait partie des axes d’actions stratégiques du GAL Cévennes pour le programme européen LEADER 2014-2022. Ses objectifs sont de participer à la structuration de la filière forestière en Cévennes et de soutenir une économie circulaire avec l’attente que les impacts négatifs sur l’environnement soient minimisés. Via sa fiche action n°2, sous action « Soutien aux démarches collectives et investissements liés à la valorisation des ressources forestières », le GAL a financé un projet porté par le Groupement de Développement Forestier du Gard, le GDF, à l’échelle d’Alès Agglomération. Cette action s’inscrit dans le cadre de la Charte forestière de Territoire du Pays Cévennes.
Les deux tiers du territoire d’Alès agglomération sont couverts par de la forêt (62 000 ha), représentée en majeure partie par du pin maritime et de la chênaie. 80% de cette surface appartient à 12 000 propriétaires privés avec une surface moyenne par propriétaire de 4 ha. Deux problématiques ont été relevées au sein de ces petites propriétés privées :
- La sous exploitation de peuplements forestiers arrivant à maturité
- Le manque de connaissance techniques et écologiques pour une gestion durable de la forêt
Le GDF, avec l’appui d’Alès Agglomération (financier et de communication), a lancé une campagne d’accompagnement des propriétaires forestiers de moins de 20 ha aux codes de bonnes pratiques sylvicoles (CBPS). En dessous de ce seuil les propriétaires ne sont en effet pas soumis à obligation légale de disposer d’un document de gestion durable. De 2021 à 2023, 60 propriétaires ont accueilli l’équipe du GDF sur 25 communes différentes (de Concoules à Vabres), ce qui représente 642 ha examinés. Les parcelles allaient de 0,55 ha à 23,94 ha avec une moyenne de 10,7 ha. Un plan de situation de chaque boisement, un diagnostic et un tableau des interventions à prévoir ont été fournis à chacun. Selon les cas de figure, des coupes d’amélioration, des extractions ciblées, des reboisements ou des enrichissements pour plus de diversité ont été conseillés. Des propriétaires, une fois leur CBPS en mains, ont pu faire appel au fonds de soutien d’Alès Agglomération pour réaliser les travaux recommandés.
Afin de faire concorder mobilisation du bois et préservation des paysages et de la biodiversité, le GDF a réalisé en parallèle deux chantiers tests en 2021 et 2022. La forêt cévenole et méditerranéenne a en effet ses particularités : relief et dessertes des parcelles forestières absentes ou complexes, climat contrasté qui alterne sécheresse et pluies intenses. Il y a donc questionnement sur l’effet de l’exploitation du bois sur la gestion de l’eau, l’érosion du sol et la biodiversité, sur l’acceptation par la population qui peut voir son cadre de vie modifié et d’autre part, sur la pertinence économique (secteurs difficiles d’accès, techniques de gestion plus coûteuse…). Pour ce chantier, le GDF, s’est fait accompagner par une équipe de chercheurs du CNRS (UMR ESPACE) et par des étudiants de l’IMT Mines d’Alès.
- Sur deux parcelles de reboisement (coupe puis plantation) ont été comparées le traitement des rémanents en les mettant dans le sens de la pente ou dans le sens des courbes de niveaux.
- Sur une parcelle avec éclaircie les rémanents ont été soient empilés classiquement soit broyés.
Pour mesurer l’impact sur l’eau (humidité / écoulement), une station météo et des piézomètres ont été installés. Pour le volet biodiversité des évaluations ont été faites vis-à-vis de la végétation présente. Un sondage auprès de la population vis-à-vis de l’impact paysager de ces différentes modalités de gestion a été fait. L’aspect économique a également été estimé (ex. surcoût du broyage). Le suivi des parcelles va se poursuivre ces prochaines années afin d’affiner les résultats. Cette étude en apportant des valeurs chiffrées et objectivées permettra d’affiner les choix futurs pour une gestion durable de la forêt cévenole, de mieux accompagner les propriétaires et de réconcilier exploitants forestiers et protecteurs de la nature.
Le montant total de projet avec réalisation d’audits auprès des propriétaires et chantiers test s’est élevé à 61 178 €. Alès Agglomération a soutenu le projet à hauteur de 12 235 € et le GAL Cévennes, via le fonds LEADER, à hauteur de 36 707 €. Ce montant comprend le temps de travail de l’ingénieure du GDF et ses frais de déplacements, les équipements de mesures, l’intervention du CNRS et le broyage sur la parcelle de test.